Ode à Mikiyo Tsuda

Publié le par Plumy

Je pourrais sous titrer mes propos par « Ou l’art de rendre passionnant des synopsis de merde », ou quelque chose du genre. Parce que ce qui me vient en 1er à l’esprit quand je pense à cet auteur, ce n’est vraiment pas la qualité de se scénarios, dont chaque résumé me laisse totalement sceptique ou dubitative. Et la, il faut savoir 2 choses : Cette auteur ne prétend pas à faire des histoires sérieuses, mais bien des choses légères et divertissantes, et ensuite, c’est un véritable génie de la narration.
Je ne sais pas par quel magie, par quel alchimie, mais elle réussit à rendre passionnantes des histoires dont le résumé avait tout pour que ça ne fonctionne pas. Prenons par exemple « Le jour de la révolution », dont le synopsis est des pire : Un jeune homme fait un malaise sur le toit de l’école, va chez le dr, et y apprend qu’il est en réalité une fille. Il refait donc sa vie sous les traits d’une fille et retourne dans son ancien lycée.

C’est terriblement incohérent comme histoire, c’est vraiment nul, bidon, non mais franchement quoi ! On lit ça, on reste figé, en se demandant « Pardon ?! ». Mais, et pourtant ! Ca marche.

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Tout d’abord, grâce au ton de l’œuvre : Ca ne se prend pas forcement au sérieux. Mais ça sait servir des passages tristes ou mélancolique (même si l’auteur prend un grand plaisir à casser les situations un peu melo par des réflexions/ actions des autres protagonistes qui cassent le melo. Une manière comme une autre de se décrédibiliser délicieuse). Mais dans l’ensemble, le ton reste léger, et l’auteur ne cherche pas à tout prix à rendre son histoire crédible. Le fait que le héros devienne une fille ? On reste flou la dessus. Un traitement hormonal est bien sur évoqué, ainsi qu’une opération, on imagine donc qu’il a désormais un corps entièrement féminin. Mais alors qu’elle aurait put jouer sur pas mal de plan la dessus, elle ne s’y attarde pas. Le héros se plaint de sentir le vent sous sa jupe, mais à part ça…

Le fait qu’il se soit fait devenir une femme alors qu’il aurait put garder un corps d’homme malgré le « verdict » du docteur ? La encore, un ton léger est utilisé, avec les parents tout gaga à l’idée d’avoir enfin une fille comme fer de lance. Kei était déjà « petit et effeminé » donc la transformation se fait tout naturellement.

Et c’est donc partit pour une histoire tout en gag, en dialogues qui font bien rires et en situations cocasses.

 

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J’adore Mikiyo Tsuda pour cet aspect la de ses bds, qui me font toujours passer un très bon moment, me font rire, mais ont aussi une certaine profondeur lorsqu’elles le veulent avant de revenir au comique. En fait, cette manière de ne pas se prendre au sérieux fait naître en moi une profonde admiration. J’admire les gens qui ont cette forme d’humilité, alors que l’on voit bien qu’il pourraient faire du sérieux ! Mais non. Et c’est suffisamment bien dosé pour que les passages sérieux se mêlent au ton souvent généralement humoristique pour que l’on ne soit pas frustré que les situations sérieuses ou tristes ne soient pas plus longues.

Chronologiquement, après les 2 tomes du jour de la révolution, on passe à "Princess Princess".

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Série un peu plus longues, de 5 volumes, et c’est avec cette histoire que je l’ai découverte. De base, je connaissais surtout les dessins de cet auteur. J’appréciais leur finesse et leur expressivité, sans être exubérant, ses personnages avaient une présence et une aura qui les rendaient vivants.

Le synopsis de Princess princess, encore une fois, ne brille pas par sa qualité 1ere : Il est question de l’arrivé d’un jeune homme, Kono, dans son nouveau lycée. Il y découvre que, dans ce lycée masculin, a été instauré un système de « princesses ». Les princesses sont de jeunes garçons qui, lors des événements spéciaux comme des tournois de sport, se déguisent en filles avec des tenues toutes plus froufroutantes les unes que les autres et encouragent les élèves de l’école en apportant « la touche de féminité qui manque dans ce monde d’hommes ».
Pri pri, c’est une grosse dose d’humour délirant, de situations cocasses, et des personnages qui sont tous très attachants. Ils ont tous leurs petits soucis qui finiront par être révélés, et ce ne sont jamais des choses si « énormes » que ça, mais ça les a touché.

Narrativement, il y a une chose que j’adore énormément dans Pri pri. Lorsque Kono arrive dans l’école et devient une « princesse », il y a déjà 2 princesses dans la place. On peut donc imaginer que le héros ne se fera pas à cette situation, aura du mal, ralera et tout… Et bien non ! C’est Mikito, l’une des 2 princesses déjà en place, qui tiendra ce rôle, rallant sans cesse et se refusant de faire la princesse, tandis que Kono lui, se fera très vite à cette étrange situation et y prendra même goût, formant un duo terrible avec Shihodani, la 3eme princesse. A eux 2, ils formeront un duo d’ami tandis que Mikito sera toujours un peu à part (Mais en même temps, il a déjà eut son heure de gloire dans le 2eme tome du jour de la révolution.) Tout au long de l’histoire, on aura le plaisir de suivre l’évolution de ces personnages et les résolutions de leurs petits soucis personnels. Un peu plus long, Pri pri se permet un peu plus de sérieux et de situations tendues, même si ça reste globalement une série qui fait rire.


Je ne cesse de pointer du doigt que ses histoires me font rire, elles ne sont pourtant pas « comiques ». Mais ce sont des lectures simples, sans prétention, avec lesquelles je rigole bien. Je retrouve un peu cette sensation quand je lis « Switch Girl ». L’auteur y dit vouloir principalement distraire ses lecteurs, et ne veut pas plus. Il y a tout un fossé entre une histoire qui se prend au sérieux et une histoire qui ne le fait pas. Moi qui ne dessine que des histoires « qui se prennent au sérieux » j’admire énormément le ton léger de ces histoires qui n’empêche pas des passages sérieux ou intenses.

Bien, autre chose que j’aime dans les mangas de Mikiyo Tsuda : Les cross over ! Le jour de la révolution et Pri pri ne sont pas spécifiquement liés, mais ont y retrouve des personnages. Et un personnage secondaire de Pri pri est le héros de « Family complex », un manga en un tome qu’elle a fait. En fait, elle l’a dit elle même, lorsqu’elle a fait Pri pri, elle a fait de la récupération avec tous ses anciens persos XD. Mais c’est loin d’être désagréable. On peut lire les mangas indépendament les uns des autres, mais néanmoins, maintenant qu'ils sont tous sortit, je pense que l'on gagne à lire Family complex et Le jour de la révolution avant de lire Pri pri. On ne l'en apprécie que d'avantage je pense.

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"Family complex" a encore un pitch de merde : C’est l’histoire d’un jeune homme gentil et pas moche, qui vit dans une famille dont tous les membres sont de purs canons de beauté et d’intelligence. Et du coup, il complexe et fait un peu vilain petit canard. Le recueil est un ensemble de one shot chacun centré sur l’un des membres de sa famille.
De manière amusante, Family complex est un peu plus sérieux et un peu plus sombre, certainement parce qu’il se centre sur Akira, avec tout ses doutes et ses malaises, et son sentiment de ne pas mériter sa place dans cette famille trop parfaite. Chaque petite histoire est touchante, et on s’attache énormément aux personnages, et évidemment chaque membre de la famille montre que malgré les apparence, ils sont eux aussi leurs faiblesses et leurs doutes. Avec brio, l’auteur prend à chaque fois un thème assez simple voir un peu décalé, comme la difficulté de la plus jeune, Fuyuki, à communiquer avec les gens, et en fait le thème central de sa petite histoire. (Et je veux une histoire avec Fuyuki adulte, elle est trop belle ! ).

Si je devais conseiller un 1er manga de cet auteur pour tester, je pense que je dirais de prendre Family complexe, car il montre beaucoup de ses qualités, se tiens bien en un seul volume, et est très agréable.

 

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Changeons un peu de registre, et parlons de dessins et de narration. J’aime son trait, ça, ça ne s’explique pas vraiment. Ensuite, j’aime sa narration et sa mise en page. Cet auteur est une faignante inter stellaire, et on ne s’en rend pas compte à la lecture. Elle esquive beaucoup de choses ! Et pourtant, la lecture coule toute seule, les actions s’enchaînent très bien, on comprend toujours ce qui se passe. J’admire terriblement sa narration et aimerait arriver à quelque chose comme ça. Ses pages sont pas mal tramées, et sans ça elles en seraient blanches, mais ça ne fait jamais remplissage, elles servent le sujet.

Une autre chose appréciable dans ses mangas : Ses free talks et ses bonus ! Mikiyo Tsuda est une artiste des plus généreuses en petits blabla, strips de 4 cases sur son quotidien, voir petite bd complète dessiné de manière « sérieuse » dans lesquels elle s’épanche sur sa vie, sa lutte pour avoir des fesses musclés ou tout le suivi de son opération des yeux. Ou alors de ses choix et hésitations concernant ses bds, ses personnages, etc… Du blog dessiné comme j’en adore ! Elle se représente parfois sous les traits d’un ourson, parfois en dessin un peu plus sérieux, selon son humeur et le thème abordé. J’adore vraiment lire ces petites bds, si elle en sortait un livre complet, je serais aux anges.

 

Autre Bonus fréquent dans ses mangas et conservé par l'éditeur (Merci !) : Les mini manga parodique cachés sous la jaquette de ses mangas. Sous ceux de "Princess Princess" on découvre donc une parodie nommée "Prince prince" très amusante, il y a aussi des pages sous la jaquette du tome 1 du jour de la révolution... Mais jamais pour ses yaoi apparements (Ou alors pour ceux la l'éditeur ne prend pas la peine de les conserver ? Mais ça m'étonnerait.)

 

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Dans ses strips, elle mentionne très souvent sa meilleure amie Eiki Eiki. Et la, ils faut parler de la face cachée de Mikyo Tsuda, aka son 2eme pseudonyme Taishi Zaô, sous lequel elle publie des yaoi. Ses mangas yaoi ont des pitchs encore pire que ses mangas tout public, et c’est encore pire si on s’amuse à lire les 4eme de couverture écrite par les éditeurs qui écrivent quand même souvent n’importe quoi, à tel point que l’on se demande comment ils ont put comprendre « ça » de l’histoire.

Vivre pour demain – Synopsis de l’éditeur :
Tasuku est surnommé « le chanceux » par les garçons de son école. Ils désirent tous coucher avec lui, convaincus qu’ils deviendront eux aussi des chanceux. Tasuku se dit qu’il pourrait suggérer à Oono, son ami d’enfance, de coucher avec lui car ce dernier s’adonne aux jeux d’argents.

Vivre pour demain – Synopsis par Plumy :
Tasuku est amoureux d’Oono, un ami proche, mais ne parvient pas à l’admettre et se montre froid avec lui. Une légende urbaine, selon laquelle les enfants d’une certaine « Yuuko » sont porteurs de chance se répand dans le milieu du show bizz. Tasuku se retrouve traqué par 2 jeunes garçons aspirants star qui veulent absolument coucher avec lui pour gagner cette « chance ». Se laissant persuader par leur discours, Tasuku se dit qu’il y a la un moyen de gagner une relation sans s’engager avec Oono, en luui proposant une simple relation pour lui donner cette fameuse chance dont il aurait besoin dans ses jeux d’argent.

Les 2 pitchs sont quand même à des années lumières l’une de l’autre *soupir* même si les 2 restent quand même un peu pourri XD. Mais comme d’habitude, ça fonctionne, même si ça reste un cran au-dessous de ce que fais habituellement l’auteur.

En règle général, ses yaoi sont un peu plus léger / drôles que ses œuvres tout public, avec la part de cul inhérente, même si, exception faite de quelques images inhabituellement humides dans « Secret love », tout reste très léger et suggéré. Après ça, c’est fidèle à elle même, c’est toujours drôle et ça se mange très bien. J’achète systématiquement tout ce qu’elle sort, que ce soit sous le nom de Mikiyo tsuda ou celui de Taishi Zaou ! Mais ça, c’est parce que je suis fan aussi.

 

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Revenons en à Eiki eiki, son ami proche donc, qui a vu certains de ses titres édités en France elle aussi. Elles ont même fait un manga à 4 mains ! « Color », aux éditions Asuka. Rien que pour le principe, il est intéressant à lire, elles sont réussi à méler harmonieusement leurs 2 styles même si, quand on se concentre un peu, on voit bien la différence (Tsuda dessine mieux ! ). C’est une histoire un peu moins « délire » sans son synopsis que les bd signés Taishi Zaô uniquement. Les free talks de la fin sont encore une fois délicieux, surtout que les auteurs nous embrouillent quand à savoir si elles sont simplement amies ou amantes XD; En plus, on a droit à une espèce d’histoire bonus dans laquelle les 2 auteurs racontent comment elles se sont rencontrées et sont devenues amies ! C’est vraiment le genre de chose qui aide à se sentir proche d’un auteur et fait qu’on l’apprecie.

En fait, pour initier quelqu’un à cet auteur, je dirais donc de lire « Family complex » et « Color » parce que c’est vraiment un manga qui fait que l’on s’attache aux auteurs, surtout quand elles expliquent s’être inspirées de leur propre rencontre pour créer cette histoire.

Elle a visiblement fait pas mal d'autres manga, vu tous les personnages que je ne reconnais pas quand je regarde sa galerie sur Aethereality. J'éspère qu'ils sortiront tous en france !

Publié dans manga

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