Un drôle de père – Yumi Unita
Ce manga me faisait de l’œil depuis un moment sans que je ne parvienne à me décider à l’acheter : Plusieurs tomes à 10 euros, toujours l’incertitude quand à la qualité du récit… Heureusement, je bénéficie d’une médiathèque bien fournie qui possède plusieurs volumes et m’a permis de commencer à lire cette série.
« Un drôle de père » ((Usagi Drop en version originale) a une esthétique de Josei : Le format A5, le trait épuré typique des Josei… Même le scénario, au final, s’y apparente, histoire familiale et ressentit émotionnels étant au cœur de l’histoire. Ce qui l’en différencie, c’est principalement que nous n’avons pas la une héroïne, mais un héros : Daikichi, un jeune homme célibataire d’une 30ene d’années, qui vit sa vie et travaille sans trop réfléchir à l’avenir.
L’histoire commence alors que son grand père vient de déceder. Daikichi, comme le reste de la famille, est convié à l’enterrement. Il découvre alors, comme les autres l’ont fait avant lui, une petite surprise : Rin, fillette de 6 ans, qui s’avère être la fille de son grand-père. Donc techniquement, sa tante, comme il le fait subtilement remarquer à sa mère qui elle, est effondrée. C’est une honte, une gêne, et que faire de cette enfant ? La discussion pour sa garde tourne bien vite au vinaigre, et sur un coup de tête, Daikichi décide de l’emmener avec lui, cette gamine. Voilà ce qui pose les bases de l’histoire : Un homme célibataire qui se retrouve avec un enfant dans les bras, et s’y adapte tant bien que mal.
« Un drôle de père » parle donc d’enfant, d’éducation. Fait on des sacrifices pour nos enfants ? Ca signifie quoi, être parent ? Un sujet qui, initialement, me gonfle d’une force sans borne. Je n’aime pas les enfants et une telle histoire n’a rien pour me plaire. Et pourtant, étonnement, j’accroche. Est-ce du à Rin ? La fillette est adorable. C’est une enfant déjà mature, expressive, loin de l’image du mioche braillard que l’on peut avoir en tête. On s’attache vite à elle, et on aurait envie de la câliner. On comprend Daikichi. Et lui aussi, on l’aime bien. Il se découvre une charge dans la vie, qu’il assume avec amour. Il fait le point sur ce qu’il fait, ce qu’il est : A 30 ans, il se sent déjà vieillir – la vieillesse vient très, très vite, beaucoup plus vite qu’on ne le croit, par de petites choses mais… – et par conséquent, s’inquiète aussi de l’avenir de Rin.
L’histoire est soutenue en arrière plan par des personnages secondaires vivants, et une petite intrigue filée : Qui est la mère de Rin ? Pourquoi y’avait-il si peut d’affaires appartenant à la petite fille chez le grand père ? Pourtant, elle dit n’avoir jamais connu sa mère, mais son carnet de santé est soigneusement rempli… Autant de petites énigmes qui en forment une, plus importante, toile de fond pour l’histoire de ce papa par hasard. Et lorsque des points sont élucidés, d’autres viennent s’ajouter.
Le dessin de Yumi Unita est joli. Elle ne dessine pourtant pas si bien : Les erreurs d’anatomies sont fréquentes, surtout quand elle dessine des interactions entre Rin et Daikichi, Rin ressemblant alors plus à « fille miniature » qu’à une enfant – Mais c’est très dur à dessiner, les enfants – les mains sont parfois esquissée, les visages pas toujours parfaits, mais son trait est expressif et parfaitement maîtrisé, épuré à la limite parfaite entre trop et pas assez. Ce n’est pas un dessin réduit à quelques traits comme chez Kiriko Nananan, pas plus qu’un dessin brouillon et fouilli comme le ferait Kyoko Okazaki. C’est un très pur, mais très propre, avec des aplats de noir toujours sobre. Elle ne fuit pas les décors, les dessine lorsque nécessaire, mais toujours avec des lignes claires et propres, et si un fond blanc suffit, alors le laisse : Simplicité en mot d’ordre.
J’adore Daikichi avec son air de grand dadet, et Rin est vraiment à croquer.
Je n'ai pour l'instant put lire que 3 volumes sur les 7 de la série, dont 6 sont sortit en français (La sortie du 7, initialement prévue pour le 15 septembre 2010, à apparement été repoussée au 10 novembre 2010). Visiblement, Rin grandit dans les suivants, j'ai vraiment hate de lire ça ! C'est une histoire que je conseille, même à l'essai. Rester sur un a priori serait rater une très jolie histoire et des personnages attachants.
Pour moi, une chose est sure : S'il me reprend un jour le courage de tenter d'initier mes parents au manga, voila le titre que je leur mettrais dans les mains ! (Enfin, il y verront peut-être une forme masquée de pédophilie ? *rires*)
Les limites de la classification des mangas ?
Difficile de dire à quel « genre » appartiens ce manga. L’éditeur Delcourt a crée une collection particulière nommée « Jôhin » dans son répertoire, terme signifiant « élégant » en japonais. On y retrouve principalement des Josei et quelques autres histoires considérée comme « matures » et destinée à un public déjà plus adulte. Je n’ai pas put trouver plus d’informations sur ce terme que « titres réalisés par et pour les femmes ». Peut-être est-ce simplement une manière de ne pas se limiter au Josei portés sur des histoires de romance et d’élargir la collection à d’autres thèmes ? Mais pour le moment, "Un drôle de père" est le seul titre de cet collection qui n'ait pas pour point central une histoire de romance de jeunes femmes.