Ryusuke Fukahori - Mono no aware
Le livre Esthetique du quotidien au japon de Jean-marie Bouissou définie le Senren comme "le raffinement japonais obtenu au cours d'un long polissage", l'objet artisanal, poli de l'âme même de l'artiste, des objets qui contiennent "l'âme de celui qui les fabriqués et les présente" car "au japon, il n'est pas de bel objet qui ne renvoi pas à celui qui l'a confectionné ". Ce livre évoque également le concept de Mono no aware, que l'on peut traduire par "empathie envers les choses" ou "sensibilité pour l'ephemère".
Les oeuvres de Ryusuke Fukahori évoquent de manière direct cet ephemère, au travers de ses étranges compositions figées d'un instant gracieux ou ses poissons rouges prennent vie entre ses couches de resine. L'artiste utilise une méthode très particulière : Il peint les morceaux de ses oeuvre par couches, créant ainsi une sorte d'effet d'optique qui donne l'impression que ce sont de réels poissons qui se sont glacés sous la couche de resine. Ou plutôt, les couches. Etape par étape, avec minutie, l'artiste donne vie à son obsession. La transparence et la fluidité de l'eau sont alors rendue à la perfection.
L'auteur est né en 1973 dans la prefecture d'aichi. Diplomé de l'université des beau art en 1995, c'est en 2000 qui a eut sa "révelation" sur les poissons rouges. Il commença la mise au point de sa technique à base de couches de résine en 2002. Sa technique requiet évidemment un support, composant à part entière de l'oeuvre. Fukahori joue sur les formes, les positions, les contenus. Tantôt il choisira de representer un bac penché, ou encore un de ces petits sacs dans lequels on ramène les poissons rouge du festival d'été.
Sur son site, l'auteur pose quelques mots sur sa fascination pour les poissons rouges, et à travers eux pour leur ancêtre la carpe qui transparait malgré les années de selection genetique. Il parle de sa fascination face au poisson rouge d'un ami, une femelle rescapée d'un festival d'été qui, malgré les conditions de vie limités, continuait à survivre dans son bocal. Dans la culture japonaise, une legende dit que la carpe qui remonte la rivière devient un dragon : Cela est symbole de force et de perseverance, et donc de vie. Ce symbole est utilisé le jour de la fête des enfants, le "Kodomo no hi". Les Koi Nobori, manches à air en forme de carpe, sont hissées sur les toits, car tout parent espère que son fils deviendra lui aussi "une carpe qui remonte la rivière".
Sur son blog, l'artiste s'exprime beaucoup sur ses sentiments par rapport à ses oeuvres, mais hélas google traduction est bien trop limité pour rendre ses textes ne serait-ce que compréhensibles. Ce qui me rend très frustrée, je dois l'avouer.
L'auteur à recemment exposé à l'INC gallery de Londres, sous le titre "Goldfish Salvation", faisant connaitre sur le net ses oeuvres jusque la méconnue.
Le site de l'artiste : http://goldfishing.info/
Sa galerie FlickR : http://www.flickr.com/photos/dominicspics/sets/72157628617194683/