[Manga] Divine Nanami
Habituellement, je parle de choses que j'ai aimé. Je ne trouve pas grand intérêt à descendre une œuvre que j'ai trouvé mauvaise, et j'estime que puisque je ne l'ai pas aimé, ne pas en parler et donc ne pas lui faire de publicité est le comportement logique à avoir. Pourtant, je vais vous parler de Divine Nanami, un manga dont je n'aime aucun des personnages, sur lequel je m’énerve beaucoup et dont je n'aime pas le dessin. Ce titre cumule tout ce qui m'agace en règle générale, et pourtant je le lis parce que ça se passe dans un univers fantastique, shinto et yokai. Je me sens un peu idiote des fois.
Divine Nanami, c'est l'histoire d'une jeune fille, Nanami, dont le père, endetté jusqu'au cou, ne fais apparemment rien pour les sortir, lui et sa fille, de la misère dans laquelle ils sont plongé. Nanami souffre évidemment de cette situation, n'ayant dans son bento que du riz agrémenté d'une prune salée à manger, et se fait brimer par ses adorables petits camarades de classe à ce sujet. A la 5eme page du manga, son père a filé en douce, et on vient procéder à l'expulsion de Nanami qui se retrouve à la rue, sans nul part ou aller.
Bon alors, déjà à ce moment la, je suis assez agacée / mitigée. Parce que le pitch, en lui même, franchement il me plait beaucoup. J'aime bien les héroines qui en chient, tout ça. Sauf que déjà, c'est passé beaucoup, beaucoup trop vite. Cette introduction s'est déroulée en 5 pages ! Et de surcroît, la manière dont l'auteur traite la situation est extrêmement légère. Nanami qui se fait brimer à l'école, c'est sur un ton comique, et lorsqu'elle se retrouve à la rue, c'est limite si l'auteur n'a pas écrit "lol" sous les cases. Alors oui, on pourra dire que c'est mieux que du pathos, mais je sais pas, quand le personnage souffre, ben j'aime bien le voir et le ressentir. La, on ne ressent rien, on lit mais on ne se sent aucunement concerné par les déboires pourtant assez extrêmes de la jeune fille. Elle même au final n'a pas l'air si affectée que ça par la situation, et se retrouve bien vite distraite par la vue d'un homme pour le moins étrange qui cherche à échapper à un chien, étant apparemment phobique de ces animaux. Après quelques échanges, d'un baiser sur le front, il la déclare nouvelle maîtresse des lieux de son ancienne maison, et l’envoi dans un vieux temple délabré, ou elle se fait accueillir par des feux follets et un kitsune nommé Tomoé, apparemment très en colère d'avoir attendu le propriétaire des lieux durant 20 ans. Sans surprise, l'heroine s'engueule vertement avec le kitsune (Parce que les personnages qui ont du caractère crient et s'engueulent, c'est bien connu), celui se casse, la jeune fille se retrouve à jouer un peu à la divinité avant de se dire que bon, elle peut pas trop gérer ça en fait, et de vouloir partir, mais pas sans avoir fait ses adieux au renard tout de même. Sans surprise, ils vont ensuite s'engueuler. Le kitsune a un bon gros caractère de Tsundere en gros, assez fatigant.
La ou ça passe mal pour moi, c'est que globalement, cette héroine je n'y crois pas en fait, je n'arrive pas à la sentir vivante, je ne lui trouve pas de caractère, alors je ne comprend pas ou elle trouve soudainement la force de caractère de s'engueuler ainsi avec un kitsune sans sembler éprouver la moindre peur vis à vis du monde fantastique dans lequel elle vient de plonger, pas plus qu'elle ne semble se questionner sur ce que signifie vraiment devenir une divinité (Quoique la, nous parlons de la mentalité shinto, selon laquelle les morts deviennent des divinités, donc pourquoi pas de son vivant ?). Un soucis se pose finalement : Pourquoi ce renard, qui est censément le messager de la divinité qu'elle incarne, ne lui obéit il pas ? Oh, c'est bien simple, c'est parce qu'elle n'a pas conclu de pacte avec lui. Et un pacte se conclu d'un baiser sur la bouche.
Alors oui, j’admets, quand j'avais 15 ans, ça m'aurait sûrement émoustillée. Mais la je facepalm juste. Et je m'agace de la réaction de l'heroine "Oh mon dieu quel horreur berk berk je vais pas embrasser ce sale renard !". Mais fait pas la faux cul ma fille, il est super sexy ce renard bon sang ! Que son caractère te saoule, je veux bien, mais prétendre qu'il te répugne, j'avoue j'y crois moyen. J'en ait marre des héroines qui n'assument pas leur libido bon sang !
Bref, sans surprise, ils finiront liés bien sur. Nanami étant une déesse des liens amoureux, sa première mission sera d'aider une princesse naïade à se déguiser en humain pour pouvoir avoir un rendez-vous amoureux avec l'humain sur lequel elle a un crush depuis 10 ans sans trop de raison, et Nanami va l'aider à se transformer en cruche fragile et sans défense dont le plus grand bonheur sera de se faire défendre par son aimé. Pendant ce temps, la vie continue de manière assez étrange, Nanami retournant à l'école l'air de rien pour la seule raison qu'une star de J pop s'y trouve, son renard la forçant à porter un fichu ridicule pour la protéger des yokai, Nanami est de nouveau ridiculisée, brimée, et nous à la lecture on y est toujours aussi insensible, et c'est franchement bizzard comme sensation. Et puis bon, personnellement, le fait qu'elle retourne au lycée me saoule quoi, d'autant plus qu'on ne comprend pas pourquoi elle le fait. Elle ne parle pas de son avenir, de ses raisons à aller en cours, elle y va pour y aller. Dans un free talk, l'auteur écrit :
"Au début, je voulais créer une comédie lycéennes avec des yokai animaux comme protagonistes (...)L'histoire se déroule dans un temple et non dans un lycée comme c'était prévu. J'attendais donc impatiemment le retour de Nanami au lycée".
Quand je lis ce genre de commentaire de la part des auteurs, je suis d'abord surprise de voir à quel point on ressent les choses différemment (Perso, j’attends d'une histoire de divinité et de yokai qu'elle se passe dans un monde fantastique, pas dans un fichu lycée) et je pense à Bakuman qui nous explique comment se déroule la création d'un scénario, entre l'auteur qui a ses idées et son coach qui en à d'autre. Dans le cas de Divine Nanami, l'auteur semble avoir été clairement contrariée dans ses idées d'origine, et du coup cherche des moyens détournés pour y revenir. Ne vaudrait il mieux pas laisser un auteur creer son histoire à son idée plutôt que de le faire commencer une histoire avec une frustration qu'il chercha à combler ?
Dès le début dut 3eme volume, Nanami tombe amoureuse de Tomoé. Et évidemment tous les autres mecs la veulent. que ce soit un serpent de passage ou le yokai du volume précédent. On a droit à des répliques du genre "Tu es amoureuse donc c'est normal que tu ais envie de te faire belle pour lui, l'entendre te dire que tu es belle te combleras de joie". Youpi, le but ultime d'une fille c'est vrai. Bon, je râle, je râle, mais pourtant Divine Nanami contient des éléments sympa. Parfois l'humour fait mouche (l'avant dernier épisode du volume 3 est très drôle), les sentiments aussi. On a régulièrement des éléments sur le monde folklorique vraiment sympa quand on aime ce registre. Et l'auteur à visiblement des idées à développer sur le passé de Tomoé et sur "sa vraie nature". Sauf que, encore une fois, le traitement pèche pour moi. L'héroine vit un souvenir traumatisant par rapport à Tomoé, et pourtant aucun doute ne l'habite après ces révélations.
Plus j’écris mon ressentit par rapport à ce manga, plus j'ai la sensation que mes accusations sont vaines car liés directement au genre du manga. Que c'est un peu comme critiquer un shonen et dire "Y'a tout le temps des combats, c'est saoulant". Divine Nanami, au vu de son histoire et de son traitement, vise clairement les pre adolescentes (Ressentit confirmé par son magazine de prépublication, Hana to Yume qui s'adresse aux jeunes adolescentes) : Heroine à forte tendance romantique mais avec son brin de caractère quand il le faut, horde de joli garçons qui lui tournent autour, l'amour comme thème central de part le rôle de Nanami mais également par rapport aux protagonistes en eux même... Un shojo quoi ! Mais je ne peux m'empêcher de me sentir extrêmement frustrée, parce que Divine Nanami contenait des tas de très bonnes idées, d’éléments sympathiques, dont l'exploitation à été à mon sens complètement raté. Le manque de réel caractère de l'heroine, la manière dont ses malheurs sont traités, la manière dont elle agit dans le monde des humains et le monde fantastique... La plupart des bonnes idées sont comme passées à la trappe ou rapidement mise de coté pour s’intéresser à autre chose. Divine Nanami pour moi, c'est tout simplement une deception, parce que j'en attendais plus, j'en attendais mieux, et un agacement pour le traité extremement niais de l'amour.
On parle souvent de catégorisation des manga, pourtant on peut aimer n'importe quel titre, peut importe sa provenance, pour ses qualité, même si certains choses sont cousues de fil blanc. Mais dans Divine Nanami, la seule chose qui au final m'attire réellement, c'est l'utilisation du monde folklorique japonais qui me donne de nouvelles pistes, m'apprend parfois des petites choses ("Oh, le maillet de Daikokuten, c'était donc ça ce symbole sur ce napperon que j'ai ! ") mais sortit de cela, les personnages sont creux, les romances à 3 sous me font grincer des dents, et je me demande encore pourquoi j'ai acheté 3 volumes si c'est pour m’énerver dessus de la sorte. Dernière qualité, éditoriale ce coup ci, les éditions Delcourt ont mis un lexique important en fin du volume un, ainsi qu'un petit dossier sur le shintoisme, les kamis, et pointant du doigts pas mal d'actions qu'effectue l'heroine en les expliquant, et ce genre de trucs j'adore.
Bon alors objectivement, Divine Nanami est elle une bonne série ? Je n'arrive pas à me prononcer. Je pense que pour un public relativement jeune et pas trop critique, c'est une série sympathique, mais que dès lors que l'on a un peu d'esprit critique ou d'attente autre que des histoires de romance et que l'on aime bien les histoires pas trop tirées par les cheveux, on risque d'être déçu, malgré l'exploitation intelligente et sympathique de l'univers shintoïste.