La trinité 1/3 - Nightrunner
Chez moi, il y a un trio de livres qui sont établis comme étant la trinité des meilleurs livres qu’on aime plus fort que tout et qu’on pourra toujours relire avec amour sans parvenir à en choisir un en premier, plus sobrement intitulé « La trinité » et dont le point commun est d’être tous dotés de héros attachants et accessoirement gay, ce qui supprime d'office l'option "romance à l'eau de rose" dans la suite de l'histoire. Comme il faut bien en choisir un pour commencer à les présenter, je vais commencer par Nightrunner – non, il ne s’agit pas du nouveau Batman – écrit par Lynn Flewelling dont les 2 premières volumes ont été édités très récemment chez Bragelonne et que j'ai relus avec une passion renouvelée.
L’histoire :
J’ai tendance à séparer les livres de fantasy en 2 catégories : Ceux qui racontent une histoire en utilisant les personnages comme des pantins (cela ne les rends pas dénués d’intérêt, mais c’est un livre à histoire, centré sur l’histoire) et qui cherche à faire avancer et dénouer une intrigue globale.
Et ceux qui font évoluer des personnages en se concentrant sur leur vie, leur ressentis, leur comportement, leur relation, et forgent un background plus ou moins solide autour qui leur sert de scène.
Je suis initialement une grosse fan du 2eme genre, mais Nightrunner mêle avec une grande adresse les 2 styles : Il y a autant à dire de l’univers soigné et travaillé, de l’histoire en elle même, que des personnages qui sont tous étoffés, construits, et dont les évolutions sont un délice à suivre.
En bonne fangirl, je vais évidemment commencer par dépendre les personnages avec amour.
Une illustration de l'édition japonaise représentant Alec, Nysander et Seregil.
Les héros, tout d’abord : Seregil et Alec. Au début de l’histoire, Alec est un jeune homme banal et pauvre qui a récemment perdu son père et s’est retrouvé capturé par erreur par des soldats qui cherchent un espion dans le coin. Seregil lui est un barde capturé pour les mêmes raisons qui se retrouve dans le même cachot. Et finalement, pour une barde, il est bien malin. Il parvient à s’enfuir avec Alec, et se révèle plus qu’un barde. Voleur, espion, arnaqueur, noble? Un peu tout à la fois, avec derrière chacun de ses propos une épaisses couches de secrets qui ne semblent pas en finir.
Alec se voit offrir l’opportunité de devenir son apprentit. 1er pas qui le conduit au coté de Seregil et qui va l’entraîner dans des affaires de plus en plus importantes, alors qu’un banal cambriolage au début de l’histoire va les intégrer à une affaire plus importante et dangereuse qu'ils n'auraient put l'imaginer au début.
Seregil vu par Ajjima Arpanan. Tout y est, l'air moqueur et assuré, le sourire charmeur... J'adore.
C’est difficile de décrire sans spoiler, c’est un peu comme ces longues séries qui sont tellement bien au fur et à mesure que l’on avance mais que l’on peut difficilement résumer sans spoiler les événements à venir. Comment présenter One pièce sans spoiler par exemple ? Si l'on se contente parler du début, ça nous semble tellement leger par rapport à ce qui va suivre ensuite... L’idée est la. Quand en plus je me dit que je n’ai lu que les 2 premiers volumes sur les 5 et bientôt 6…
Tout au long de l’histoire, les personnages évoluent et se révèlent. On vit avec eux des tas d’événements qui les font grandir, surtout Alec. Le schéma de « Maitre expérimenté Vs élève curieux » présent au début évolue bien vite et ce de multiples façons. Si Alec reste inexperimenté pour certaines choses, il a de nombreuses qualités, apprend vite et va toujours de l'avant. Chez Seregil, des défauts, des faiblesses se font découvrir. J’ai particulièrement apprécié le coté taciturne d'Alec aussi, hérité de son passé silencieux dans les forêts avec son père, alors que dans le duo, c’est Seregil qui à la rôle du moulin à paroles malgré son coté d’ainé en toutes choses.
Au début, je me pâmais devant Seregil. En finissant le volume 2, je me surprend à être devenue fan d’Alec. L’évolution de leur relation comme leurs évolutions individuelles est également des plus appréciables, et on consomme avec délice le moindre détail du cheminement intérieur d’Alec quand à ses sentiments pour Seregil.
Alec vu par Ajjima Arpanan.C'est amusant comme chaque artiste à une vision différente du personnage.
Et si l’on se doute bien qu’à un moment ou un autre, ils finiront ensemble, cela reste un détail peu mis en avant de l’histoire. On sait que Seregil à une tendance à préférer les hommes, mais il ne crache pas sur les femmes, et fréquente les 2 établissements de plaisir. C'est un fait parmis d'autres dans l'histoire qu'il ne m'aurait pas déplut de voir mis au premier plan, mais qui aurait changé le style du livre. En restant ainsi un fait parmi d'autres, il permet au livre d'être accessibles à tous, même à ceux qui ne s'interessent pas aux romances gays.
Nightrunner est un livre intense et sans temps mort. Lorsque lisant le soir, on se dit « Bon, je pose le livre quand y’a un trou dans l’action », on se retrouve bien en peine de reposer ce livre la, puisque les actions et les situations intéressantes n’ont de cesse de se succéder. A l’image de la vie de Sergil, ils sont toujours en action, et les interactions des différentes couches de l’histoire n’a de cesse de former des situations intéressantes et passionnantes. On le regrette parfois. On aimerait bien que ce pauvre Alec ait le temps de souffler et de profiter un peu de la vie et du calme de l’endroit ou il aura alors atterrit, mais les événements finissent toujours par s’emballer et faire boule de neige.
Des évenements terribles arrivent aussi, le genre d'évenements qui nous touchent réellement et auxquels on ne s'attendait pas au début. Mais c'est bien pour ça aussi que l'on empathise avec les personnages. L'innocence d'Alec au début de l'histoire nous permet de se mettre à son niveau et d'évoluer avec lui, et les évenements vécus nous rapprochent à chaque fois des personnages.
Et pour finir en beauté, Micum vu par Ajjima Arpanan.
Si le duo Sergil / Alec possède déjà de quoi complaire à toutes les fans de yaoi, le reste des personnages n’est pas en reste, et a vrai dire, il n’y a pas de personnage qui ne m’ait pas plus ou dont je puisse dire qu’il n’en vaille pas la peine.
Micum, le vieil ami de Sergil, sa femme et ses filles – surtout l’ainée, Rekka, que j’adore – la princesse Klia dans l’armée, Nysander le vieux magicien, Thero son apprentis… Tous ont une épaisseur qui ne demande qu’à être épluchée chapitre après chapitre. Je pourrais en citer de nombreux autres qui passent à un moment ou l'autre dans l'histoire, mais je finirais par spoiler. Et c’est la même épaisseur que l’on retrouve dans l’histoire et dans l’intrigue, ou des détails soulevés en début du livre reviennent avec naturel, et tout s’emboîte.
L’univers enfin, même si très classique, est construit avec intelligence et un sens certain du détail. Rien n’est laissé au hasard et l’auteur n’est pas du genre à avoir recours au « Ta gueule c’est magique ». La magie existe mais est justifiée, expliquée.J’adore l’univers de Nightrunner parce que je parvient à la visualiser sans mal. Quand l’auteur décrit des lieux, ils m’apparaissent réellement, et sont toujours nimbé d’une sensation feutrée et confortable, et lorsque ce sont des lieux durs et difficiles, on le ressent également.
Un ptit dessin des héros de ma patte. Pour savoir pour quel raison Seregil est une loutre et Alec un cerf, il faut lire les livres !
C’est difficile de parler d’un livre que l’on adore. Au final, je vais juste dire « Bon sang, mais essayez, lisez le premier bouquin, vous allez voir ça déchire trop vous allez forcement adorer mince, lisez Nightrunner !!! »
Mais j’ai peur que ce soit un peu moins convaincant. Dommage, c’est tout ce que je trouve à dire au final !
L’édition de Nightrunner :
L’édition en France de ce livre à été assez chaotique. Si dans sa langue d’origine – en anglais – 5 tomes sont parus avec un 6eme en préparation, en France, son arrivée s’est faite en 2 étapes.
L’histoire a commencé sa publication en 1996, en France, il a fallut attendre 2008 pour que les éditions Mnemos en publient le 1er volume. Et la, c’est le drame : Cette édition, non contente de souffrir de multiples erreurs de traductions, de frappes et de retour à la ligne venus de nul part, avait surtout l’énorme défaut de s’arrêter au volume 1, alors que les volumes 1 et 2 forment une histoire complète et indissociable. Une énorme frustration donc pour les lecteurs qui se voyaient avec une moitié d’histoire entre les mains et l’espoir déçu de voir cette série en France, tandis que l’autre série de la même auteur (« La trilogie de Tamir », traduite par « Le Royaume de Tobin » en France) est de son coté publiée en français depuis 2004. Mais bon, y’a pas de slash dedans.
Et est arrivé le messie, Bragelonne, qui a édité d’un même coup les volumes 1 et 2 en décembre 2010. Alleluia, lumières et chants grégoriens.
Au passage d’ailleurs, petite citation de l’auteur à propos de ses livres :
« Depuis que le premier tome de Nightrunner est sorti en 96, on n’a cessé de me demander si j’écrivais une trilogie. C’est une supposition compréhensible, étant donné le genre, aussi ai-je pensé que je devis saisir l’opportunité, avec ce troisième tome, d’enterrer cette question une bonne fois pour toute.
Ceci n’est pas une trilogie.
Ceci n’est pas une trilogie.
Ceci n’est pas une trilogie.
Et la première personne qui me demande si c’est une tétralogie se prend une stylo plume en argent véritable en plein cœur.
Bon, peut-être pas. J’adore ce stylo.
Je n’ai rien contre les trilogies, c’est juste que ce n’est pas ce que je souhaite faire ici. La série Nightrunner est ce que ce terme indique : une série de récits entrecroisés concernant la vie et des aventures de personnages qui m’amusent énormément. Il y aura d’autres tomes, au gré de l’inspiration.
Alors, avez-vous besoin de lire le diptyque d’ouverture, Luck in the Shadow et Stalking Darkness, pour comprendre ce livre ?
Probablement pas.
Mais bon, j’ai deux enfants dont je dois payer les études.
Oui, vous devez absolument lire les deux premiers tomes. Tous vos amis et vos proches aussi. »
(J’aime cet auteur.)
Comme vous l’aurez compris, il ne s’agit donc pas d’une trilogie mais d’une série de livres. Actuellement, les volumes 1 et 2 forment un ensemble, le 3 se suffit à lui même, et ensuite les 4 et 5 forment eux aussi un ensemble.
Tout ce qu’il me reste à espérer maintenant, c’est que Bragelonne traduise et publie la suite. Bragelonne, je vous aime, éditez la suite !!
L'édition japonaise des livres. Tout de suite plus stéreotypé, mais ça me parle quand même beaucoup.
Pour les anglophones, la vie est plus simple est plus belle et ils peuvent directement foncer sur les livres en anglais qui ont le mérite d'être quand même bien plus accessible financièrement que ceux en français.
Ils pourront au passage profiter de Glimpses. Qu’est-ce donc exactement ? On peut dire que c’est un cadeau d’un auteur à ses fans. Glimpses est un recueil de courtes nouvelles qui approfondi des morceaux de l’histoire des personnages, dont une certaine scène que beaucoup auraient voulu lire, et qui a été édité à part. Un petit bonbon pour ceux qui aiment la série.
Le site perso de l’auteur : http://www.sff.net/people/Lynn.Flewelling/ Il contient tous les fanarts que ses fans lui envoient ainsi que les couvertures des différentes éditions. Allez vous rincer l'oeil sur les couvs japonaises.
Le blog de l’auteur : http://otterdance.livejournal.com/ Elle y parle de tout et de rien et de la promotions de ses livres.
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