Arriety - Objection !
Une grosse notoriété, c’est difficile à porter. Les gens aiment et exigent que l’artiste soit meilleur, encore et toujours. On dirait en fait que certains souhaiteraient que chaque nouveau Ghibli soit dix fois plus phénoménale que le précédent et devienne ainsi leur préféré. A t’on déjà vu une telle montée exponentielle sans fin ?
Les Ghibli sont mouvants, changeants. Miyazaki n’est plus toujours directement à leur tête, mais les films évoluent, et c’est normal. Pourtant, le petit dernier, Arietty – qui étrangement semble inconnu de la plupart des gens pourtant fan de Ghibli. Mauvaise communiation ?– ne cesse de se faire lyncher. On lui admet du bout des lèvres une certaine élégance dans le trait, on adore ou déteste la musique, et on parle d’incohérences narratives à tout va. Chaque post allant dans ce sens m’ennuie et m’agace, alors finalement, à mon tour d’essayer d’exposer mon ressentit par rapport à Arietty.
Ou plutôt, de répondre point par point aux accusations les plus fréquentes envers ce film. Sans fard, mon post repond à ceux du Néant vert , de raton laveur ainsi qu’a d’autres petites accusations commes celle lue ici ou encore ici
(Je ne jete pas la pierre à ceux qui n’ont pas aimé. Je linke simplement quelqu’un certains des avis qui m’ont poussé à écrire ce post. A force de lire que la musique déchirait les oreilles et autres truc du genre, j'ai craqué. )
Attention, ce post contient plusieurs spoilers importants. A lire plutôt après avoir vu le film.
1 – Au début c’était calme et contemplatif et dans les 2eme moitié du film, empli d’action inutiles et incohérentes.
Dit autrement, vous auriez préféré qu’ils soit doux et conemplatif tout du long. Mais que le dévellopement de l’histoire ait déçues vos attentes ne signifie pas non plus que le film est mauvais ou mal construit. Et puis, pourquoi les Ghibli devraient ils toujours êtres semblables, tant dans leur personnages que dans leur constructions ? N’ont ils pas le droit de changer, justement ? Tout ceux qui protestent contre le dévellopement d’Arietty me font penser à ces fans tellement fans qu’ils en sont au point de décider comment l’auteur devra agir et créer. Ils en ont une idée très précise et dès qu’il met un pied hors de ce cadre rigide formé par le fan, il se fait huer. Ces fans qui savent mieux que l'artiste ce qui doit être réalisé me dépriment.
Je regrette de ne pas avoir lu le livre dont le film est l’adaptation, mais j’imagine que comme pour le château ambulant, il y a eut de nombreuses libertés. Et au final, peut importe. Ce film a été conçu différemment et à certainement déçu des attentes. Ca n’en fait pas un film mal construit pour autant, bien au contraire. J’ai trouvé le dévellopement cohérent et bien dosé, j’ai aimé la fin en demi-teinte et cette étrange relation oscillant entre amour et amitié. Certains l’ont trouvés chiant, je l’ai trouvé contemplatif et admirable.
Mon seul vrai regret aura été les conséquences à chaque fois désastreuses des actes pourtant plein de bonne volonté de Sho et de Arietty, qui laissent planner cette aura de « Ecoute les anciens meme si tu ne comprend pas pourquoi, parce que ce sont eux qui ont raison » qui étouffe un peu la nouvelle génération. Mais on peut aussi y voir, justement, la confrontation interminable de tout ce qui est sur terre : La jeune génération qui cherche toujours à avoir le dessus, péniblement, se faisant mettre à mal par les connaissances des anciens. Jusqu’au jour ou la roue tourne…
Pas aussi joli que les artworks originaux mais je trouve cette image fascinant, on dirait presque une maquette.
2 – Wé non mais quand même, Haru quoi ! Elle change TROP de caractère.
Bon, resituons le personnage : Haru est une vieille bonne femme de la campagne qui bosse depuis quasiment 20 ou 30 avec sa patronne, et fait presque partie de sa famille puis qu’elle mange à table avec elle et est traité familièrement.
Et depuis tout ce temps, des petits objets disparaissaient, de ci de la, lui donnant l'impression d'être folle ! Elles sont isolées dans un coin perdu de la cambrousse, Haru est un peu simple dans ses pensées, et dévellope une obsession demesurée pour ces objets qui disparaissent et lui donne l’impression de perde les pédales. Ici un bouton qu'elle était persuadée d'avoir laissé la, et la une aiguille... Elle ne dit rien pour ne pas paraitre folle, mais l'obsession se dévellope.
Découvrir l'existence des chapardeurs la soulage et elle exulte de découvrir la vérité, et fait une fixette dessus parce qu'elle est vieille, un peu à la ramasse quand même et obstinée. Ses agissements à l’égard des chapardeurs sont cruels, mais pas plus que de mettre une tapette à sourie dans un coin de sa cuisine pour elle. Il ne lui traverse même pas l’esprit que les chapardeurs soient des petits humains à qui on peut parler, elle ne les voit que comme des nuisibles et les responsables de son inquiétude tout au long de ces années. Son personnage n’est pas si incoherent, juste un peu bête et méchant, parce que oui, hélas, ça existe ces gens la, parce qu'elle est simple et isolée.
3 – La discussion entre Sho et Arietty dans le jardin est énorme, les propos lancés par Arietty sont vraiment trop décalés et ruinent le message du film.
Encore une fois, on ressitue les personnages. Arietty est une adolescente, elle n’a que 14 ans. Elle est vive et inquiète pour sa famille, son environnement familier s'écroule, tout change, elle a peur. Sho de son coté, est malade et solitaire. Il n’a pas l’habitude de parler aux gens, il est dépourvu de tact. Il parle brusquement sans ménager ses mots. Il y a aussi une sorte de vengeance mesquine la derrière, non ? Il va mourir. Alors, il parle de la mort sans fard. Et parler de la mort de la race d’Arietty n’est qu’une manière de blesser puisque lui aussi, il va mourir. Certainement regrettera t'il ses paroles après les avoir prononcés, comme beaucoup d'adolescents. Il ne peut pas lutter contre son sort alors il fait du mal aux autres. Arietty, de son coté, lui balance des phrases toutes faites, comme une ado qui les aurait entendus quelque part et essaye de ne pas perdre la face face à cet humain. Son argumentation n’est pas logique car surtout porté par ses sentiments.
Penser ainsi fait voir cette scène sous un tout autre jour. Je l'ai personellement adorée. Les propos durs de Sho, lancés un peu pour se défouler qui font voir le personnage trop lisse sous un autre jour m'ont beaucoup plut et lui ont donné une autre dimension.
4 – Cette histoire n’est pas vraiment un vrai Ghibli, depuis Terre et mer, ça a changé.
Oui, le studio évolue. Il change. Certains vont aimer, d’autres pas. C’est normal d’évoluer, c’est ça de vivre. Si le studio faisait toujours exactement la même chose, il ne serait pas réellement vivant. Myazaki supervise de plus ou moins loin, mais les choses changent, c’est tout. Ils gardent un état d'esprit, mais après, ils experimentant dans divers chemins. Si vous souhaitez tant tout ordonner et cataloguer, faites vous plaisir, mettez tous dans des petites cases, et qualifiez ce film comme vous voudrez. Ou appreciez le, tout simplement.
Chacun ses gouts ensuite. Je n’ai pas réussi à accrocher à terre et mer, mais je suis devenue raide fan de Ponyo aussi. On ne peut pas aimer toutes les productions du studio sans ciller, et heureusement .
5 – Le coup de la porte fermée à clé, et comment Arietty connaît ce qu’est une opération, il y a tout de même pas mal d’incohérences.
La perfection n’est pas de ce monde. Pourquoi chercher toujours plus loin et plus loin encore la moindre petite broutille qui vous gêne pour mettre à mal ce film ? Pourquoi faire passer chaque nouveau Ghibli à la moulinette de la critique acerbe et désabusée ? Eut-il été la production d’un autre studio que vos réactions auraient été différentes. L’accueil d’Arriety a été terriblement influencé par les attentes, pas toujours justes, de ses fans. Si vous décrouvriez Totoro aujourd'hui, vous seriez capable de le descendre de la même manière sans arriver à l'apprecier.
La porte fermée à clé ? Sho est sortit par la fenêtre, et est retournée dans sa chambre oui. Un double des clés ou quelque chose du genre suffit à expliquer cela. Ou les clées sont toutes les même à l'étage, rien de si étrange à ça. Le fait qu’Arietty connaisse le terme opération ? Je crois plutôt qu’elle passe par-dessus et se focalise sur le mot « malade », ça elle comprend, et par le contexte, elle comprend que c’est grave.
Ayez un peu d’imagination et cessez de vouloir le perfection livrée sur un plateau d’argent. Mais je veux bien concéder que la manière dont Sho découvre la planque des chapardeurs est pour le moins étrange… Ou pas. Peut-être a t’il fouillé tous les recoins de la maison, cherché leurs parcours, en tapottant contre les murs ? Il n’a rien a faire de ses journées, seul dans cette grande maison. Il a du chercher à s’occuper… Encore une fois, imaginons.
6 – Mon dieu je détesté la musique, elle est repetitive et la chanteuse à une voix ignoble, caca berk !
On dit « j’aime pas », et non pas « c’est nul ». On entre dans la simple sphère des gouts personnels la. Connaissant Cecile Corbel depuis longtemps, je n’ai pas été choquée et au contraire ravie des musiques du film, et de sa voix également. Entendre la chanson chantée en français à la fin du film m’a émue, pourquoi écouter et comprend cette chanson, avec les images du générique qui défilaient, c’était magique.
Je sais que « la VO c’est mieux » mais n’en arrivez pas au point de renier votre propre langue s’il vous plait.
7 – La fatalité évoquée par Excellen ... :
... Que je ne reproche pas vraiment. Mais je n’ai pas trouvé que le déménagement était une fatalité. Bien sur, c’est triste. Mais dans la vie, il faut aller de l’avant, et faire des choix et des changements. C’est un thème qui n’avait pas été abordé jusque lors dans un ghibli je crois, et c’est un peu triste, mais en même temps, tellement vrai.
On ne peut pas toujours se battre contre l’aversité, des fois il faut combattre d’une autre manière, en avançant. La maladie de Sho, le fait qu’ils doivent déménager, sont du même accabit : Des choses contres lesquelles ils ne peuvent pas directement lutter, mais contre lequels ils peuvent resister en passant par des chemins détournés. Sho peut garder le moral et les chapardeurs construire une nouvelle maison.
8 – Un petit message :
Par pitié, arrêtez de comparer les Ghiblis entre eux et d’en faire des jugements de valeur. Il n’y en a pas un meilleur que l’autre, il y en a que vous préférez à d’autre, et c’est normal. Ce film m'a ému et touché, et j'éspère qu'il en a touché beaucoups d'autres.
Liens :
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